Ça y est, c'est bien fini, le dernier candidat est passé à l'émission « Face aux électeurs ». Ce soir (vendredi 29 octobre 2010), le Président candidat Laurent Gbagbo était sur le plateau télévisé dirigé par M. BROU AKA Pascal, et a répondu à toutes les questions qui lui ont été servies, aux unes mieux qu'aux autres.
Les impressions que m'a laissé ce passage sont d'abord celles de l'humilité. Car j'ai pu remarquer que le candidat GBAGBO, à la différence de certains qui se projettent déjà sur le fauteuil sans laisser la moindre place à une quelconque alternative, parle toujours au conditionnel de sa réélection. Pour moi, c'est une preuve d'humilité qu'il faut saluer.
Ensuite, en bon historien, il a, à chaque fois, replacé les débats dans leur contexte historique, permettant ainsi aux téléspectateurs de mieux en comprendre les enjeux. Même si cette manie, qui est du ressort de la déformation professionnelle, lui a quelque peu dé-servi, lorsqu'il a dû se faire reprendre, à plusieurs reprises, avant d'aborder les questions posées, tant le cours d'histoire avait tendance à prendre le pas.
Toutefois, comme pour le candidat du RDR, j'ai eu quelques points sur lesquels ma curiosité n'a pas été totalement étanchée.
Le premier point concerne l'utilisation abusive de l'argument de la crise armée, qui pour le Président candidat à sa propre succession, suffit pour justifier toutes les insuffisances de son (ses) mandat(s). A force de rabâcher cet argument, on pourrait croire qu'il se cache derrière l'arbre de la guerre pour empêcher les ivoiriens de voir la forêt des mesures possibles qui n'ont pas été prises.
Le deuxième point est relatif au problème de la mauvaise gouvernance qui est devenue si grave ces dernières années en Côte d'Ivoire, surtout en cette période de crise où la pauvreté a gagné du terrain et une minorité toujours plus restreinte semble se tailler la part du lion dans les ressources du pays. Là-dessus, le candidat de La Majorité Présidentielle a beau dire que ces maux étaient là bien avant lui et que ses prédécesseurs n'ont rien fait de concret pour les arrêter, force est de constater qu'une contradiction apparaît dans sa défense. En effet, tantôt M. Laurent GBAGBO affirme l'indépendance de la justice en exhibant avec satisfaction le cas des ex-dirigeants de la filière café-cacao qui croupissent en prison depuis plus de deux ans sans jugement, tantôt il reconnaît être intervenu personnellement dans des affaires dont la justice avait pourtant déjà été saisie (il a lui-même cité les affaires COMSTAR et CENTAURES ROUTIERS). Pour l'ivoirien moyen, cette attitude sélective vis-à-vis du rôle de la justice dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance, doit bien cacher des choses pas très claires !
Et puis, toujours sur ce chapitre, je me souviens bien que lorsque l'affaire de la filière café-cacao avait commencé, le Président avait promis ne pas s'arrêter en si bon chemin, affirmant que les autres secteurs de l'économie seraient également l'objet du même traitement. Mais depuis lors, c'est le silence radio, et les ex-dirigeants de la filière apparaissent dès lors comme des bouc-émissaires, des faire valoir aux yeux de la communauté internationale.
Le troisième et avant dernier point d'ombre que j'ai pu identifier, se situe au niveau des choix faits pas le candidat socialiste. Il s'agit de la propension à créer des entreprises publiques comme solution aux problèmes sociaux des ivoiriens. J'ai pu identifier au moins trois grandes entreprises publiques : la structure de gestion de l'Assurance Maladie Universelle (AMU), la banque de l'emploi et la société de montage des machines agricoles. Il convient de noter, en se souvenant de la crise des années 80, que des dispositions particulières devraient être prises pour garantir la bonne gestion et le fonctionnement efficace de ces structures !
Enfin, le dernier point que j'aimerais aborder est celui de l'école. Si j'ai apprécié la fermeté du candidat LMP concernant le problème épineux que représente la FESCI, je suis resté sur ma faim quant aux mesures préconisées. En fait, les propositions du Président GBAGBO se réduisent à la construction d'infrastructures nouvelles et au recrutement d'enseignants, sans toucher du doigt les questions tout aussi importantes des programmes et de l'incivisme si caractéristiques de notre système éducatif actuel. À mon avis, plus de salles de classe et d'enseignants ne suffiront certainement pas à relever les taux de réussite scolaires et universitaires !