dimanche 18 juillet 2010

Liberté de quelle presse?

La liberté de la presse? 

"toute censure est un aveu : on ne ferme que la bouche qui dit la vérité" P. Gripari

On pourrait faire remarquer que chacun est libre d'exprimer son opinion par la voie des journaux. La liberté de la presse est proclamée à grand fracas dans tous les pays démocratiques, comme un des plus beaux fleurons de leur couronne. C'est encore une bonne plaisanterie. Les journaux sont la propriété d'une catégorie d'individu qui leur impose une ligne de conduite et ne leur permet pas de s'en écarter. Certains sont inféodés à un parti politique et n'insèrent que des articles conformes à la doctrine de ce parti. De plus, tous les quotidiens  sont subventionnés avec l'argent des contribuables, par les gouvernements, qui s'en servent pour façonner l'opinion publique. La liberté le la presse est un vain mot, qui ne saurait plus tromper personne.

Néanmoins, on en parle cependant comme si elle existait vraiment. L'homme aime à se faire des illusions, même quand il sait ce que valent ces illusions. La liberté de la presse n'existe pas. Ce qui existe, c'est la liberté de fonder des journaux. Distinction d'importance. Il ne reste donc plus au citoyen indépendant, s'il veut se faire entendre, qu'à créer un journal à lui. Mais cette liberté est dérisoire à une époque où la fondation d'un journal exige des capitaux considérables, et quand on sait qu'un journal ne peut vivre qu'avec l'aide d'une abondante publicité commerciale. Il suffit que cette publicité lui échappe, et c'est un jeu d'enfant, pour que le journal soit frappé de mort peu de temps après sa naissance. Et même si cette revue arrive à exister sans publicité, on la harcèle judiciairement. Lorsque cette revue n'a plus les moyen de payer, elle disparaît.

Le même raisonnement pourrait s'appliquer pour les livres.
Si un livre ne plaît pas à l'opinion, on commence d'abord par organiser la conspiration du silence, qui réussit presque toujours. La Presse, alertée, reste muette, et doucement tout tombe dans l'oubli. Si ce procédé ne réussit pas, on essaye de trouver un passage condamnable. Dans la "Lettre ouverte aux gardiens du mensonge" Thierry Pfister en relate un exemple typique parmi tant d'autres."En 1991, Philippe Bourdrel publiait le second volume de son Épuration sauvage, une page complètement occultée de notre histoire contemporaine. Parmi les régions traitées dans l'ouvrage figure le Limousin, une province où les lendemains de la Libération furent particulièrement sanglants et houleux puisque les règlements de comptes s'étendirent jusque dans les rangs communistes où deux lignes s'opposaient à l'époque.(...) La mémoire locale de ces événements est encore douloureuse et un silence pesant est de règle sur le sujet. Philippe Bourdrel évoque dans son étude un FTP, décédé, responsable, selon lui, d'au moins vingt-cinq exécutions sommaires. Le fils de ce résistant, s' émeut et attaque en référé. N'ayant pu, entre la Roumanie et la Hongrie, déterminer la nationalité d'origine du FTP, l'auteur avait, maladroitement, parlé d'une "origine étrangère indéfinissable".

Sur ce seul fondement, le juge des référés requalifie les faits en racisme et décide... la saisie du livre! Abus évident mais qui soulage tous ceux qui, dans le Limousin, souhaitent qu'on ne revienne surtout pas sur les crimes de l'Epuration. Trois mois plus tard, la cour d'appel de Limoges annule sèchement cet arrêt. Le mal est fait. Le résultat commercial est révélateur : le tome deux de L 'Epuration sauvage fait moitié moins de ventes que le premier volume. Le mensonge a été préserve."
La Presse peut aussi  glisser des insinuations malveillantes sur l'auteur des critiques. On s'en prend à sa personnalité. On la diminue. On la discrédite. L'abbé Pierre après son soutien à son ami Roger Garaudy en a fait les frais. Les opinions d'un monsieur discrédité sont, c'est bien connu, sans valeur. Si cela ne suffit pas encore, on intimide ces éditeurs pour empêcher toute publication. Ce fut le cas de Jean-Edern Hallier pour "l'honneur perdu de Mitterrand" et le journal "l'idiot international". Le reportage consacré à Mazarine sur M6 lundi 20 mars 2000 est éloquent  sur l'acharnement contre Jean-edern Hallier . Son imprimeur a même été obligé de détruire les numéros imprimés tant les pressions étaient importantes.
Ainsi on n'hésite pas à menacer  les diffuseurs, les libraires. Dernier recours ultime et définitif, on interdit  au besoin tout ouvrage  ou on retire de la vente le livre de l'auteur gênant, sous prétexte fallacieux qu'il écrit dans un esprit subversif, contraire à la morale ou dangereux pour la sûreté de l'état.

Des associations, il en va de même que pour les livres. Chaque fois qu'un groupe, un mouvement ou un parti contestant l'ordre établi prend de l'importance en révélant les vraies règles du jeu, on le brise, on l'interdit. Les anarchistes, l'extrême-gauche, l'extrême droite, les islamistes en ont fait l'expérience. « Assomme! » dit le pouvoir, et , sans sommation et sans pitié les tribunaux frappent.

L'état est allé même plus loin. Il a inventé un mot passe-partout qui permet toute violation de la liberté de parole : c 'est celui de terroriste, Dès qu'un individu manifeste un peu haut son mécontentement, on en fait un terroriste ou un propagateur de terrorisme. Et vis-à-vis d'un terroriste, tout est permis, ou plutôt l'État se permet tout.

Mais on a encore fait mieux . Maintenant, on en arrive a détruire des livres. C'est à la fois plus simple et plus radical que d'interdire.Une librairie libertaire La plume noire  a été ravagée par un incendie criminel en février 1997. Un  stand de livres du FN a été détruit au salon du livre 1997. Une librairie Roumaine a été saccagée en1996. Cet immigré Roumain persécuté sous le régime de Ceaucescu a été contraint à l'exil. Sa librairie était un lieu de rencontre pour la diaspora roumaine, c'était aussi un moyen de résistance au totalitarisme. Il croyait trouver dans la patrie de Voltaire et des droits de l'homme la patrie de la liberté. Mais, il n'y a trouvé que persécution et censure. Dans ces trois cas, les agresseurs ont-ils été condamnés?

Tous ces exemples peuvent paraître anodins...Pourtant, ces signes nous montre bien que cette liberté de presse est de plus en plus menacée ... Et bientôt l'internet sera soumis à surveillance intégrale, filtrage idéologique et contrôle systématique. Nous nous dirigeons de plus en plus vers une sorte de dictature. D'ailleurs Henry Amouroux (le 10 décembre 1995 sur France-Inter) a ainsi affirmé la dictature, c'est la censure de l'information ; et la démocratie, c'est la liberté totale de l'information. Et il y a encore des idiots pour croire encore à la démocratie et à la liberté de presse!


Ernest Lemanois



http://cotedivoire.ahibo.com/mairies.htm