"Hou, le vilain garçon qui
pleure!"
"Tu devrais avoir honte, les
garçons ça ne pleure pas!"
"Arrête de pleurer. Si tu
n'arrête pas, on te laisse tout
seul et on s'en va."
"Oh que tu es ridicule quand tu
pleures!"
"Ah ah ah! Regardez ce grand
garçon qui pleure comme une
fille!"
Nous sommes dans la rue. Au
travers de mes larmes, à 7 ans,
en les entendant rire quand je
suis si triste, je sens bien que
mes parents ne m'aiment pas. Et
cela me fait pleurer de plus
belle. J'ai mal au pieds, cela
fait des heures qu'ils me tirent
pour que j'avance plus vite et
j'en ai ASSEZ!
Je pleure de plus belle...
Brusquement, je prends
conscience que je suis seul.
Je suis seul, abandonné, dans
la rue, plus de parents.
Je calme mes sanglots, et un
couple de personnes âgées
s'approche de moi.
"Que t'arrive-t-il, mon
garçon?"
"Mes parents... se moquent...
de moi... et ils m'ont...
abandonné!"
Et je pleure de plus belle.
Le vieux monsieur me rend dans
ses bras. Sa femme me caresse la
joue, et cette chaleur humaine me
calme presque instantanément.
Ils me font rentrer dans un
café pour m'offrir un bon
chocolat et je leur raconte mes
malheurs.
Ils me consolent, la femme se
met en quête de mes parents
pendant que son mari me dit que
mes parents m'aiment mais ne
savent peut-être pas me le dire.
Elle revient avec mes parents,
la mine défaite, qui m'ont
cherché partout.
Je sens à la fois le plaisir de
la revanche et je suis désolé de
la peine que je leur ai faite en
disparaissant ainsi.
Ils avaient juste été jusqu'au
prochain coin de rue et s'étaient
cachés en m'attendant. Ne me
voyant pas arriver, ils s'étaient
inquiétés, et ne me trouvaient
plus.
Il m'a fallu des années pour
comprendre que mes parents
étaient victime d'une éducation
rigide où on n'exprime pas ses
sentiments. Me prendre dans leurs
bras leur semblait de la
faiblesse.
Me montrer leur amour un aveu
impossible.
Je me suis donc nourri du peu
qu'ils me donnaient. Il m'a fallu
des années pour me sortir de là
moi-même.
Montrez-vous assez à ceux que
vous aimez votre amour?
Le traduisez-vous par des
gestes d'attention et de
tendresse?
C'est si important...
Bien amicalement